À l’instar de Steve Reich, son cadet de deux ans, Terry Riley suit fidèlement la voie d’un style répétitif, qui : « pourrait englober l’Asie, l’Afrique, l’Occident, le jazz et bien d’autres esthétiques », comme il l’écrit à propos de son dernier enregistrement « The 3 Generations Trio ». Bien entouré par son fils guitariste Gyan et le violon de Tracy Silverman – créateur génial du concerto pour violon électrique et orchestre, The Dharma at Big Sur de John Adams, en 2003, justement voulu comme un hommage aux deux musiciens de la côte Ouest, Harrison et Riley –, voilà le compositeur du célébrissime In C capté live en Italie, à Lugo et Modène. Longues incantations vocales de Terry dans le style raga, rejoint par le violon à six cordes de Tracy vibrant en harmonie façon sarangi : la vingtaine de minutes de Camargue Voices apparaît d’emblée comme l’une des meilleures compositions pour ensemble de Riley, depuis son choix de se produire en public plutôt dans de longues impros seul au piano – Gyan se « contentant » ici de faire sonner son instrument comme un sitar. L’exalté Ebony Horns n’est pas moins réussi, animé d’une pulsation (Gyan) dont l’ardeur n’a rien à envier aux dernières compositions de Reich, si ce n’est que chacun se lance dans d’électrisantes improvisations dopées au jazz. Quant à la version « revisitée » de Shri Camel (vieille de quarante ans et à l’origine pour orgue en intonation juste et tape delay !), elle dodeline – à l’image de la marche du chameau qui donne son titre – avec un flegme panthéiste renouvelé par le jeu condensé de ce trio.
Terry Riley : The 3 Generations Trio. ReR MEGACORP I Dischi Di Angelica IDA 034 (distribué par Orkhêstra). 77′. Poissons d’or
