UENO PARK – MANUEL ADNOT SOLO : DIX-MILLE YEUX

Premier album du label Tropare fondé par le « moondogien » Amaury Cornut, Dix-mille yeux » de Ueno Park est aussi le premier opus solo (?) du Nantais Manuel Adnot. Seul à la guitare sèche, mais se réenregistrant jusqu’à quatre fois, il multiplie les arabesques d’un instrument qui évoque d’entrée de jeu (Erell) le santour iranien. Adnot paraît refuser toute mélodie facile, ondoyant autour de notes pivot (Cosmos, Flugio), dans le but de travailler une matière acoustique plutôt que de pousser la chansonnette. En un mot, on est plus du côté d’une transe répétitive entre Steve Reich et Vini Reilly (Durutti Column), que du revival country rock de John Fogerty – ce qui n’a rien de désobligeant. À l’écoute du guitariste [www.manueladnot.com], il faut le suivre, les doigts posés sur une électrique post free jazz, aux côtés du tromboniste Gianluca Petrella, dans un dialogue avec une réverbération synthétique, pour le coup lorgnant vers le style glorieux des années ECM du légendaire Terje Rypdal. Avec Dix-mille yeux, le guitariste travaille un swing aéré tout en finesse (La voie lactée…) – bien mis en valeur par une prise de son idoine. Une voie personnelle, loin des amplifications fébriles, réservée à une poignée d’auditeurs curieux qui aiment renouveler leur écoute de l’instrument pour mieux s’éveiller la tête dans les nuages.

Ueno Park – Manuel Adnot solo : Dix-mille yeux. CD / Vinyle Tropare TPR01 (https://tropare.bandcamp.com/releases), 30’. Poissons d’or

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